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La vie après la mort

Voici quelques ressources pour aborder la réflexion sur la mort et le passage vers l’au-delà.

Citations

« La mort n’est rien, je suis seulement passé ds la pièce d’à côté ». Charles Péguy

Passages bibliques

Job 19, 25-26

1 Corinthiens 15

Jean 3,16-17; 11,25

Matthieu 28 – Jean 20

1 Pierre 1,3

Ap 1,17-18

Catéchèses

https://fr.aleteia.org/2021/03/01/que-se-passe-t-il-au-moment-de-la-mort/ Catéchèse consistante sur la vie après la mort par le père Pujos.

Le catéchisme de l’Eglise Catholique sur la ressurection et la vie après la mort : http://www.intratext.com/IXT/FRA0013/_P2C.HTM

Émissions de KTO sur le sujet

Benoît XVI et le pape François

Spe salvi, sauvés dans l’espérance. BXVI

Sur la relation à la mort, le vécu : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20111102.html Commémoration de tous les fidèles défunts par BXVI.

Benoit XVI – Homélie Assomption 2010. Castelgandoflo. 2 derniers gros paragraphes:

http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/efq.htm

« C’est son Amour qui vainc la mort et nous donne l’éternité, et c’est cet amour que nous appelons «ciel»: Dieu est si grand qu’il a une place également pour nous. Et l’homme Jésus, qui est en même temps Dieu, est pour nous la garantie que l’être-homme et l’être-Dieu peuvent exister et vivre éternellement l’un dans l’autre. Cela veut dire que de chacun de nous ne continuera pas à exister seulement une partie qui nous est, pour ainsi dire, arrachée, alors que d’autres parties se perdent; cela veut plutôt dire que Dieu connaît et aime tout l’homme, ce que nous sommes. Et Dieu accueille dans son éternité ce qui, à présent, dans notre vie, faite de souffrance et d’amour, d’espérance, de joie et de tristesse, croît et devient. Tout l’homme, toute sa vie est prise par Dieu et, purifiée en Lui, elle reçoit l’éternité.

François sur le dernier passage, dans le cadre de ses catéchèses 2022 sur la vieillesse :

Il ne s’agit pas d’une image désincarnée, mais d’un passage qui engage toute la personne dans sa réalité physique: «Après la mort, nous naissons au ciel, dans l’espace de Dieu, et c’est toujours nous qui avons marché sur cette terre», a insisté le pape François, en remarquant que, de même, Jésus ressuscité «ne perd pas son humanité, son vécu, ni même sa corporéité, car sans cela il ne serait plus Lui». https://www.cath.ch/newsf/apres-la-mort-nous-naissons-au-ciel-assure-le-pape-a-laudience/« 

Livres

https://www.decitre.fr/livre-pod/la-mort-et-l-au-dela-9782213626307.html

Films

Eternam I La vie du monde à venir, S et S.J. Gunnell

A la découverte du Saint Sépulcre… un tombeau vide!

Ab Paul, Jérusalem, le mercredi 16 février 2022

Si vous alliez à Jérusalem, en quel lieu vous rendriez-vous en premier ? Spontanément ? Pour ma part, une fois les remparts de la vieille ville franchis, mes pas m’ont conduit directement au Saint-Sépulcre, après m’être un peu perdu dans les ruelles il faut l’avouer…

Pourquoi ici ? S’il existe un lieu étrange dans le monde, c’est bien celui-ci! Des millions de pèlerins depuis 2000 ans se rendent dans un lieu où il n’y a rien à voir! Le tombeau est ֵen effet… vide!

Réécoutons ces quelques versets bibliques qui nous en témoignent, c’est toujours rafraîchissant pour la foi et donc bon pour le moral :

Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau. Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus.

Jean 20, 11-12

Alors Pierre se leva et courut au tombeau ; mais en se penchant, il vit les linges, et eux seuls. Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé.

Luc 24, 12

L’ange prit la parole et dit aux femmes : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait.

Matthieu 28, 5-6

Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins.

Actes des Apôtres 2,32

Des travaux important de consolidation du Sépulcre ont eu lieu en 2016-2017, vous pourrez en découvrir quelques images dans les vidéos en fin d’article. Ils ont donné l’occasion aux moines des différentes confessions chrétiennes veillant sur les lieux de voir pour la première fois de leur yeux le banc mortuaire où avait été déposé le corps du crucifié. Ce banc était et est toujours recouvert par une pierre plusieurs fois centenaires qui accueille les gestes de dévotion des pèlerins. Ces moines ont vécu un évènement bouleversant, selon leur témoignage. Bien mystérieux ce sépulcre!

En tant que chrétien, se rendre en terre sainte est une manière de parcourir les lieux où Jésus-Christ a marché, là où il a prié, là où il est mort, là où le tombeau fut trouvé vide! Bref, c’est « là ».

Et après ? Et bien je retourne à ma vie quotidienne! Mais il y a désormais au fond de ma mémoire une pierre de plus à l’édifice de ma foi. Une pierre qui me renvoie à un évènement: la résurrection du Christ.

Un bouleversement du temps et de l’espace

Cet évènement ne se laisse pas enfermer dans mes concepts. Il me déplace nécessairement un peu, il m’ouvre à d’autres dimensions; le Christ a en effet bouleversé le temps et l’espace.

Je m’explique: Jésus Christ est à la fois homme et à la fois Dieu; pour reprendre la très belle et sobre formule du pape Léon le Grand : « C’est un seul et même être, il faut le dire souvent, vraiment Fils de Dieu et vraiment fils d’homme » (on peut traduire aussi « Fils de Dieu véritable et fils d’homme véritable »).

J’en tire les conclusions sur le rapport au temps : Jésus-Christ, en tant que personne divine d’une part, est éternel. En tant qu’homme, d’autre part, il a eu un début dans le ventre de Marie. Il aurait eu une fin s’il était mort sans ressusciter. Étant ressuscité, en tant qu’homme, il n’aura, en réalité, pas de fin. Vous me suivez?

En ce qui concerne le bouleversement de l’espace, je vous laisse imaginer l’effet que cela a dû faire aux apôtres de voir Jésus-Christ leur apparaître en chair et en os dans la pièce où ils s’étaient enfermés par peur des autorités juives de Jérusalem! La porte verrouillée à double tour… Le corps ressuscité du Christ, comme le nôtre lorsque nous ressusciterons à la fin des temps, n’est pas contraint par la matière. (Les philosophes parmi vous pourront approfondir la manière dont saint Thomas d’Aquin envisage la chose en feuilletant cet article d’Etienne Vetö : « Le corps humain à la lumière du corps du Christ ressuscité chez Thomas d’Aquin » (cliquer sur le titre de l’article pour le lire).)

Bref, voir et toucher le tombeau vide me renvoi à la résurrection du Christ et donc à ma propre résurrection. En bouleversant ainsi le temps et l’espace, Jésus-Christ m’ouvre un horizon, car moi aussi je suis destiné à avoir une vie qui n’a pas de fin! Moi aussi je suis appelé à ressusciter. La mort ne sera qu’un passage vers la vie.

Car, nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus, et il nous placera près de lui avec vous.

2 Corinthiens 4,14

« Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ?« 

Sachant que la résurrection, et donc la vie éternelle, est possible, je pourrais poser la même question qu’une personne posa à Jésus dans l’Evangile selon saint Matthieu: « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » (cf. Mt 19,16)

Il me reste en effet à accueillir un jour après l’autre l’amour de Jésus dans ma vie et mettre en pratique son commandement :

Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Jn 13,34-35

Conclusion

Venir au Saint-Sépulcre est ainsi d’abord une expérience concrète impliquant les sens: le toucher (on peut poser la main sur le rocher du calvaire ou sur la pierre du tombeau de Jésus), l’odorat (les parfums d’encens, les odeurs de bougie, l’atmosphère d’un lieu clôt fréquenté), la vue (une multitude d’espaces différents plus ou moins lumineux, une diversité de religieux ou de pèlerins), ou encore l’ouïe (les chants, le bruit des visiteurs, les sons ambiants). C’est ensuite une question que Jésus-Christ me pose : veux-tu vivre vraiment comme quelqu’un qui est fait pour la vie éternelle? Veux-tu vivre comme quelqu’un qui croit vraiment que Je suis ressuscité et donc qui sait que ce que j’ai dit est vrai?

Je conclurai cet article avec un extrait de l’article que l’évangéliste saint Marc aurait rédigé s’il avait eu un blog à l’époque… :

Levant les yeux, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande.
En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : « Ne soyez pas effrayées ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé. Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.” »
Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.

Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu, ils refusèrent de croire.

Marc 16, 4-11

Vidéos pour découvrir les lieux et leur histoire

Une introduction à l’histoire du Saint-Sépulcre
par Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef à Terre-Sainte Magazine.
Suite de l’interview de Marie-Armelle Beaulieu.
Sur l’ouverture du tombeau lors des travaux en 2016-2017.
L’histoire du Saint-Sépulcre en 3D
produit par l’ONG de la Custodie de Terre Sainte ATS Pro Terra Sancta
Reportage avec les explications de Franciscains de la Custodie de Terre Sainte.

Plan des lieux

Cette cartographie réalisée par Nicolas de Fer et publiée en 1715 est assez précise et montre bien que le site actuel n’a pas bougé depuis lors.

Source : BNF https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84954185/f1.item.zoom#
En cliquant sur les image il est possible de zoomer un peu plus.

Carte de Nicolas de Fer 1715

Pour mieux imaginer ce à quoi cela pouvait ressembler

Il y a, à Jérusalem ouest, en face de l’Institut Biblique Pontifical, un jardin dans une ancienne carrière de pierre, avec un tombeau, et pour fermer le tombeau, une pierre ronde

Ce jardin est facilement accessible et peut donner une idée du processus qui s’est passé pour le tombeau du Christ : un lieu est utilisé comme carrière de pierre. Une fois que la carrière ne sert plus, la nature regagnant vite le terrain, elle devient un jardin. Par ailleurs, il est possible d’utiliser ce lieu pour y creuser des tombeaux. La pierre ronde est maintenue verticalement par une arcade de pierre côté extérieur. Elle peut être roulée à l’aide d’un levier que l’on coince entre la pierre et la paroi.

Voici quelques photos :

Guide de lecture pour la liturgie de la Parole de la Vigile Pascale

Guide réalisé le Samedi Saint 3 avril 2021, pour un office avec des lectures de la Vigile Pascale, à 15h, à la paroisse La-Croix-Saint-Pierre (Cantal). (Nous n’auront pas eu de vigile pascale cette année, mais un temps d’écoute de la Parole de Dieu.)

Cette année, nous écouterons le premier récit de création (Genèse 1,1-2,2), auquel nous répondrons par le psaume Bénis le Seigneur ô mon âme ; Seigneur mon Dieu tu es si grand (Ps 103), 2) le récit du passage de la mer des roseaux (Ex 14 15-15,1a), auquel nous répondrons par le Cantique de l’Exode (Ex 15), la déclaration d’amour et de fidélité du Dieu époux et sauveur à Jérusalem malheureuse et effrayée (Is 54,5-14), à laquelle nous répondrons par le psaume Quand j’ai crié vers toi, Seigneur, mon Dieu, tu m’as guérit (Ps 29), l’exhortation à recevoir les dons gratuit et abondant de Dieu qui s’engage envers nous par une alliance éternelle (Is 55,1-11), à laquelle nous répondrons par le Cantique d’Isaïe Voici le Dieu qui me sauve : j’ai confiance je n’ai plus de crainte (Is 12), l’invitation à se retourner vers La Sagesse, identifiée avec la Loi, laquelle « est apparue sur la terre et a vécu parmi les hommes » (Ba, 9-15.32-4,4), nous répondrons à cette invitation en chantant le psaume La Loi du Seigneur est parfaite qui redonne vie (Ps 18b). A l’issue de ces lectures de l’Ancien Testament, nous écouterons l’évangile selon saint Marc (16,1-8) qui se conclu par le silence des femmes qui allèrent au tombeau, « car elles avaient peur ».

Toutes les lectures sont disponibles sur le site aelf.org.

Pourquoi écouter ces lectures ? Une prière qui suit un des psaumes de la Vigile Pascale dit : « Seigneur notre Dieu, tu veux nous former à célébrer le mystère pascal en nous faisant écouter l’Ancien et le Nouveau Testament ; ouvre nos cœurs à l’intelligence de ta miséricorde : ainsi la conscience des grâces déjà reçues affermira en nous l’espérance des biens à venir. » Il s’agit donc d’une formation, une formation en accéléré, pas donnée par n’importe qui, par Dieu ! Une formation pour célébrer le mystère Pascal, c’est-à-dire célébrer la miséricorde de Dieu qui passe par ces évènements vécus par le peuple d’Israël, et ceux vécus par Jésus-Christ ainsi que par ses disciples. En relisant le ‘Premier Testament’, nous reprenons conscience des grâces reçues, des merveilles que Dieu a faites par le passé. La gratitude fait grandir l’espérance. Le regard vers un passé visité par Dieu « affermira en nous l’espérance » d’un futur aussi visité par Dieu. Dans le mur de la mort, Jésus-Christ a ouvert un passage ; il a pris par la main les justes qui attendaient dans les enfers et les a conduits dans le paradis. Célébrer le mystère Pascal, c’est laisser le Christ devenir notre lampe torche intérieure. Et nous pourrons à notre tour annoncer aux personnes que l’on rencontre que le Christ veut être aussi leur lampe torche intérieure. C’est ça le salut, le passage des ténèbres à la lumière, de l’Egypte à la Terre promise, de l’humiliation à la gloire, de l’orgueil à l’humilité, de la mort à la vie, de la haine au pardon, de la désobéissance à l’obéissance, d’Adam au Christ.

    49. Dans le contexte de la liturgie de ce soir, à travers ces lectures, l’Église nous amène à leur apogée avec le récit évangélique de la Résurrection du Seigneur. Nous sommes plongés dans le flux de l’histoire du salut à travers les sacrements d’initiation célébrés dans cette Veillée, comme nous le rappelle le beau passage de Paul sur le baptême.

   Les liens entre la création et la nouvelle vie en Christ sont très clairs cette nuit-là, entre l’exode historique et l’exode définitif du Mystère pascal de Jésus, auquel tous les fidèles participent par le baptême, entre les promesses des prophètes et leur réalisation dans les mystères liturgiques célébrés.

50. Les prières (ou « oraisons ») qui suivent chaque lecture aident à comprendre les liens entre les thèmes de l’Ancien Testament et leur accomplissement dans le Mystère pascal du Christ. Elles expriment, avec simplicité et clarté, le sens christologique et sacramentel profond des textes de l’Ancien Testament, puisqu’ils parlent de création, de sacrifice, d’exode, de baptême, de miséricorde de Dieu, d’alliance éternelle, de lavage du péché, de rédemption et de vie en Christ.

Directoire sur l’homilétique, n°49 et 50,
de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, 2015.

Genèse 1, 1 – 2, 2 : « Au commencement, Dieu créa… »

  Au VIème s. avant J.-C, les juifs firent l’expérience douloureuse de l’exil, ils le vécurent comme une sorte de dé-création, ainsi que l’exprime Jérémie : « J’ai regardé la terre : un chaos ; les cieux : leur lumière a disparu. » (Jr 4,31) A Babylone, entre 587 et 537, ils furent au contact des récits fondateurs mésopotamiens dont l’Enuma Elish auquel notre récit emprunte certains traits. En rentrant d’exil, après 537, le peuple fera l’expérience d’une sorte de recréation, de salut, et manifestera dans les récits de la Genèse le désir de comprendre sa propre destinée.

  La Vigile Pascale est imprégnée du thème de la lumière, car à la suite de la tradition juive nous célébrons quatre nuits : la nuit de la création où la Parole de Dieu jaillir la lumière (Gn 1), la nuit d’Abraham qui se voit lier son fils pour l’offrir « sur l’autel » (Gn 22), la nuit de la Pâque en Egypte (Ex 11,4 ;12,29) et enfin la nuit du salut eschatologique et messianique. Les lectures des prophètes (Is 54, Is 55 et Ez 36) et de la sagesse (Ba 3) nous conduise progressivement à cette quatrième nuit. « Que la lumière soit ! Et la lumière fut. »

Ps 103 (104) « Bénis le Seigneur, ô mon âme. Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! »

  Les psaumes et les cantiques sont notre réponse aux lectures écoutées, ils constituent une respiration poétique. La poésie hébraïque balance sur deux pieds, chaque expression est reformulée, amplifiée ou précisée une deuxième fois, en parallèle.

Paul Valéry disait : « Le lyrisme est le développement d’une exclamation. » Nous pouvons ainsi chercher dans chaque psaume ou cantique, quelle exclamation le psalmiste nous invite à faire nôtre.

Dans ce psaume, quelle image nous touchera ? La lumière comme un manteau que revêt le Seigneur, les images champêtres, le désir de bénir et de louer le Seigneur ?

Exode 14, 15 – 15, 1a : « En ces jours-là, le Seigneur dit à Moïse… »

La troisième nuit est celle du passage de l’esclavage en Egypte à la liberté ; acculés à la mer des roseaux, Moïse doit faire confiance, le miracle est possible. Devant nos impasses, nous devons nous aussi faire confiance. Le texte que nous écoutons nous offre deux récits différents, enchevêtrés : le premier décrit l’assèchement de la mer, les Egyptiens si embourbent puis se noient, les Israelites eux n’ont pas bougés et découvre au matin la puissance de Dieu. Le second récit décrit le miracle comme une séparation des eaux à travers lesquelles Israël passe à pied sec, les Egyptiens se retrouveront submergés ensuite. A la base, il y a un fait historique, celui-ci est relu et approfondi pour en lire un message théologique et existentiel.

Qu’est-ce que cela me dit sur Dieu et sur moi-même ? Les hébreux passent de la peur à la crainte respectueuse de Dieu, passe de l’angoisse de la mort à la confiance renouvelée en leur Dieu et leur guide, Moïse. Les disciples de Jésus passeront de la peur à l’audace de l’Evangile. Et nous ?

Cantique de l’Exode (Ex 15)

La Bible elle-même nous montre ici une alternance entre le récit et la réponse poétique du peuple. Nous enchaînons ce cantique sans finir la lecture précédente par « Parole du Seigneur », à la suite des Juifs qui, d’âges en âges, ont chanté ce chant d’exultation et d’espérance – « Le Seigneur règnera pour toujours ». L’action du Seigneur est décrite à travers la métaphore guerrière courante dans la Bible. Le Seigneur accompagne son peuple et le sauve de ses ennemis. Jésus-Christ est l’Emmanuel, « Dieu-avec-nous » et nous sauve de nos ennemis, les démons et la mort.

Isaïe 54, 5-14 : « Parole du Seigneur adressée à Jérusalem… »

Il y a beaucoup de déclarations d’amour de Dieu à son peuple dans la Bible. Goûtons à ces mots : « Ton époux, c’est Celui qui t’a faite, son nom est « Le Seigneur de l’univers ». […] Dans mon éternelle fidélité, je te montre ma tendresse. » Ce texte prophétique écrit probablement après le retour à Jérusalem après l’exil à Babylone (après 537), outre la mention du déluge, emploie la métaphore sponsale, de l’époux et de l’épouse, et la métaphore de la ville, ville qui désigne tout le peuple. Ce lien entre la ville de Jérusalem et le Dieu d’Israël est nourri par un genre littéraire du proche orient ancien polythéiste :  chaque ville avait sa divinité protectrice ; et lorsque les dieux décidaient de détruire une ville, croyait-on, ils emportaient la divinité protectrice au loin, pleurant, se lamentant ; la ville abandonnée pouvait être ainsi détruite. (cf. Lm 5, 20) Seul le retour de la divinité permettait la reconstruction.

Psaume 29 (30) Quand j’ai crié vers toi, Seigneur, mon Dieu, tu m’as guéri.

Au prophète qui dit « Quand ma colère a débordé, un instant je t’avais caché ma face » (Is 54,8), le psalmiste répond : Sa colère ne dure qu’un instant, sa bonté toute la vie ». Il y a, dans la Bible, disproportion entre la colère momentanée et la grâce éternelle. Le psalmiste, qui fait l’expérience de la souffrance, en constate le caractère limité et transitoire respectivement à la joie forte du salut.

Isaïe 55, 1-11 : « Ainsi parle le Seigneur : Vous tous qui avez soif… »

Le thème de l’eau, de l’alliance et de la Parole de Dieu sont centraux dans ce passage. La liturgie nous invite à voir en Jésus la source d’eau vive qui nous renouvelle et nous abreuve par le sacrement du baptême ; Jésus est le médiateur d’une alliance éternelle ; Jésus est La Parole qui « ne reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. » La mission du Seigneur : nous sauver, et rétablir la ressemblance entre l’homme et son créateur.

Cantique d’Isaïe 12

Ce cantique exprime précisément ce que nous sommes en train de vivre : « Annoncez parmi les peuples ses hauts faits ! […] Jubilez, criez de joie, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël »

Baruc 3, 9-15. 32 – 4, 4 : « Écoute, Israël, les commandements de vie… »

Nous écoutons à présent un livre qui fait partie de la Bible catholique, un livre dit « deutéro-canonique », écrit au IIème s. av. J.-C. Baruch place son récit au temps de l’exil à Babylone, et son but est d’aider les Juifs de la diaspora à vivre pleinement leur foi sans s’éloigner de la Loi (la Torah). L’abandon de la Loi, la désobéissance à Dieu provoque, selon l’auteur, la situation dramatique qu’ils vivent. Jésus est Sagesse de Dieu, lumière et vie de l’humanité, demandons-Lui de nous aider à nous conformer à son humilité et à son amour.

Psaume 18b (19) « La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie »

Le psalmiste fait l’éloge de la Loi qui est « plus désirable que l’or, qu’une masse d’or fin, plus savoureuses que le miel qui coule des rayons. » Il nous invite à passer d’une compréhension intellectuelle de la Loi à une expérience sensitive. De même que l’on « goûte » la Parole de Dieu.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (16,1-8)

Le chapitre final de l’évangile selon Marc, disciple proche de saint Pierre lors de sa période à Rome, comprend deux parties, une attribuée à Marc (16,1-8) et la seconde (16,9-20) ajoutée dans un second temps. La finale de Marc se terminait en effet par la stupeur et la peur des femmes qui se rendirent au tombeau. La seconde partie s’inspire clairement des autres évangiles qui ne laissent pas l’auditeur sur sa faim. Marc ne cache pas la difficulté qu’ont eut les disciples à la découverte du tombeau vide. Nous-mêmes avons parfois du mal à faire confiance, à croire, à espérer. Pourtant, le tombeau est vraiment vide. Le Seigneur est vivant. Dans la nuit, une lumière s’est levée.

Bibliographie

Ska, J.-L., «Genèse 1-11 : un texte sacerdotal et ses compléments.», dans M. Gilbert – J.L. Ska, Le chantier du Pentateuque, Bruxelles 2016, 29-53.

Sonnet, J., La Bibbia si apre a Pasqua. Il lezionario sulla Veglia pasquale: storia, esegesi, liturgia, Cinisello Balsamo; Roma 1 février 2016.

Ab Paul

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