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Étiquette : ancien testament

Quatre lectures, quatre prières: Israël, Jésus, Étienne et l’Église. Homélie du 7ème dimanche de Pâques

Ab Paul, le 28 mai 2022, Jérusalem, Institut Biblique Pontifical (Communauté Jésuite de Terre Sainte)

Statue de Saint Étienne en prière lors de sa lapidation,
Cloître du Couvent Saint-Étienne des Dominicains, Jérusalem.

Les quatre lectures bibliques de ce jour nous propose chacune une prière :

la prière d’Israël avec le Psaume,
la prière de Jésus dans l’Evangile,
la prière d’Étienne dans le livre des Actes des Apôtres,
et la prière de l’Église, dans le livre de l’Apocalypse.

Au centre de ces prières : la gloire de Dieu.

Nous allons découvrir que la gloire de Dieu dont il s’agit, c’est l’Esprit-Saint, l’Esprit de Dieu qui nous est donné par Jésus. L’Esprit qui suscite l’unité entre nous et la communion avec Dieu.

1. Prière d’Israël (Psaume 96)

« Tu es, Seigneur, le Très-Haut sur toute la terre : tu domines de haut tous les dieux. » Psaume 96

1) Le peuple qui prie avec ce psaume reconnaît la puissance de Dieu, la « divinité » du Très-Haut, sa domination sur le Cosmos et sur l’histoire des hommes.

Les Israélites se souviennent de la présence de Dieu dans la Tente de la Rencontre lors de l’Exode. Cette gloire tellement impressionnante qu’elle allait jusqu’à empêcher Moïse de rentrer dans la tente. (« La nuée couvrit la tente de la rencontre et la gloire du SEIGNEUR remplit la demeure. Moïse ne pouvait pas entrer dans la tente de la rencontre, car la nuée y demeurait, et la gloire du SEIGNEUR remplissait la demeure. » Ex 40,34-35).

2) « Toutes les nations ont vu ta gloire » (Ps 96) : le psalmiste fait là une prophétie sur l’Église par laquelle Dieu partagera et propagera son Esprit Saint. Par le baptême.

2. Prière de Jésus sur les Apôtres et pour ceux qu’ils évangéliseront (Évangile selon saint Jean chap. 17).

« Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. » Jean 17,22

1) La gloire de Dieu, Jésus nous la donne. C’est l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu.

L’expression « Esprit Saint » que nous utilisons sans plus faire attention ne doit pas nous faire penser à un troisième dieu, comme si nous avions le Père d’un côté, le Fils d’un autre et l’Esprit Saint d’un autre encore. Nous ne sommes pas polythéistes ! « Le Père et moi sommes un » nous dit Jésus, l’unité des deux se fait dans l’Esprit Saint.

2) Il nous fait participer à l’unité en Dieu, à l’unité de Dieu.

3) L’Église vit de cette unité et cette unité entre les membres est un témoignage. Et comme dans une famille, l’unité n’est pas évidente! On a vraiment besoin de l’Esprit de Dieu.

3. La prière d’Étienne (Actes des Apôtres 7)

Il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Il déclara : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » Ac 7,55-56

Lapidation d’Etienne.
Église sur le lieu de sépulture de saint Etienne, à Bet Gemal, Israël.
Lieu de la maison de campagne de Gamaliel, Pharisien membre du Sanhedrin, qui aura suivi Jésus plus tard, tout comme Nicodème.

1) Étienne « voit la gloire de Dieu », et Jésus à la droite du Père. L’Esprit-Saint, le Fils et le Père. Il voit en quelque sorte la Trinité. Bienheureux est-il!

2) Il est rendu capable non seulement de prêcher (cf. la prédication d’Étienne avant sa lapidation) mais aussi de prier :

– une prière d’abandon d’abord : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » reprenant l’attitude de Jésus sur la croix juste avant de remettre son dernier souffle : « Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira. » (Lc 23,46) Saint Charles de Foucauld a lui aussi mis ces mots en prière : « Mon Père, mon Père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira. »

– Et une prière d’intercession ensuite : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » Tout comme Jésus sur la croix a pardonné : « Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort. » (Lc 23,34) Le Bienheureux frère Christian de Chergé, moine à Tibhirine en Algérie écrivait ainsi son testament : « Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’auras pas su ce que tu faisais, oui, pour toi aussi je le veux, ce MERCI, et cet « A-DIEU » envisagé pour toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. »

4. La prière de l’Église (Apocalypse 22)

« L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! » »

1) Vous trouvez l’entrée dans le livre de l’Apocalypse quelque peu ardue ? Comme je vous comprends ! Pour y entrer, je vous propose d’accueillir le livre de l’Apocalypse comme « une grande liturgie » (expression de Scott Hahn). Nous sommes en train de vivre une liturgie. L’Apocalypse est une « grande liturgie ».

Je vous propose de voir le livre de l’Apocalypse également comme une histoire d’amour. Une histoire qui a cependant pour cadre le monde présent, le monde d’aujourd’hui avec son lots de tumultes. Il nous est présenté l’époux : « le Christ », « l’Agneau, « le Sauveur », « l’Alpha et Omega ». Il est maître de l’histoire et du cosmos (cf. la prière d’Israël).

L’Apocalypse présente l’Église comme l’épouse, rendue belle par l’époux. L’Épouse désire la venue de son époux, comme dans le Cantique des Cantique : « Viens ». (Ct 7,11-12a « Je suis à mon bien-aimé : vers moi, monte son désir. Viens, mon bien-aimé. »

2) La prière de l’Épouse et son désir qu’il vienne sont inspirés par l’Esprit-Saint, l’Esprit de l’Époux. L’Esprit-Saint suscite le désir de l’union, de la communion.

C’est cet Esprit que Jésus a donné à ses apôtres et à ceux qui écoutent la parole, qui la gardent et qui croient au nom de Jésus. L’Esprit, c’est « la gloire » que Jésus leur a donnée.

Jésus vient et nous lui demandons de hâter ce jour.

En conclusion

En conclusion, nous entendrons dans la prière eucharistique III dans quelques instants :

« Quand nous serons nourris de son Corps et de son Sang, et remplis de l’Esprit Saint, accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ. »

C’est l’actualisation des quatre prières, celle d’Israël, celle de Jésus, celle d’Étienne, et celle de l’Église, la notre donc: « Viens Esprit-Saint ! »

Références bibliques

Ac 7, 55-60 Il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu..

Ps 96 (97), 1-2b, 6.7c, 9 Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire.

Ap 22, 12-14.16-17.20 L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! »

Jn 17, 20-26 Je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire

Un Agneau et des brebis… un drôle de bestiaire évangélique… Homélie du 4ème dimanche de Pâques

Ab Paul, le 8 mai 2022, Bet Gemal (Israël), Monastère des Sœurs de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge Marie et de saint Bruno.

Abside de la basilique Saint Côme et saint Damien, détail du Christ Agneau sur la source de la vie se déployant en quatre fleuves représentant entre autres les quatre évangiles.
Abside de la basilique Saint Côme et saint Damien,
détail du Christ Agneau sur la source de la vie se déployant en quatre fleuves
représentant entre autres les quatre évangiles.

Un agneau et des brebis. Le bestiaire biblique paraît bien fragile. Un Agneau pour guider des brebis ! Nous aurons tout vu ! Je rappelle, pour les plus citadins d’entre nous, que l’agneau est un mâle de moins d’un an, issu d’une brebis et d’un bélier. Un Agneau pour guider des brebis, donc. Et il faut voir les brebis ! Toutes bigarrées, « un troupeau immense que nul ne pouvait dénombrer »(Ap 7,9), venant de cheptels si différents : Tient regardez là : « des Juifs et des convertis qui adorent le Dieu unique d’Antioche de Piside » (Ac 13,43), et là des disciples de la première heure, et ici : « des païens »d’Asie Mineure qui n’en crurent pas leurs yeux ! et qui bêlèrent « de joie »en entendant la bonne nouvelle. Quelle bonne nouvelle ?!

Leur pasteur s’est fait agneau, … pour ne faire qu’un avec eux, qu’un avec le troupeau, avec son troupeau. Isaïe le dit :

« Nous tous, comme du petit bétail, nous étions errants, nous nous tournions chacun vers son chemin, et le Seigneur a fait retomber sur lui la perversité de nous tous. »

Isaïe 53,6

Et encore:

« Ayant payé de sa personne, il verra une descendance, il sera comblé de jours ; sitôt connu, juste, il dispensera la justice, lui, mon Serviteur, au profit des foules, du fait que lui-même supporte leurs perversités. »

Isaïe 53,11

Le pasteur, s’est fait l’un de nous, le plus petit d’entre nous, un agneau est en effet une petite brebis ; « L’un de nous » pour reprendre le titre d’une fédération européenne d’associations unies pour la vie et la dignité humaine dont la fondation Jérôme Lejeune. Ils sont pour la défense des brebis de la naissance à la fin naturelle.

L’un de nous disais-je… mais pourquoi ? Et surtout pour quoi ?

1. Pourquoi ?… Parce qu’il nous aime. C’est simple, c’est vrai, c’est bon, … c’est beau, quoi !

« Car ainsi parle le Seigneur Dieu : Je viens chercher moi-même mon troupeau pour en prendre soin. »

Ézéchiel 34,11

2. Mais Pour Quoi ?

Pour nous conduire, pour que nous le suivions,

pour recevoir de lui la vie éternelle, pour ne pas mourir en fin de compte.

Pour être auprès de celui qui nous délivre du loup.

Car le loup a essayé de le manger, mais il s’est cassé les dents, il est tombé sur un os, il en est mort ! Et il ne laisse plus que l’ombre de lui-même planer sur des âmes peureuses. Avec l’Agneau pour Berger, point de crainte ! Ô loup où est ta victoire ? Ô bête immonde, où est ton aiguillon ? (1Co 15,55)

Comment a-t-il fait l’Agneau pour terrasser le loup en cette salutaire indigestion ?

Le Père. L’autorité et la puissance du Père.

L’Agneau était en fait un Lion, mais le loup ne l’avait pas vraiment compris. [Lion de la tribu de Juda, descendant de David en Ap 5,5]

Il a cherché à le comprendre, il l’a peut-être entrevue, « Tu es le Saint de Dieu »proclamait-il à travers la voix d’un pauvre bougre possédé par un démon. (Mc 1,24 ; Lc 4,34) « Tais-toi »répondait Jésus ! Non parce que le démon avait tort, mais parce qu’il proférait un mystère divin de manière tordue. Sans foi ni loi. Un brigand en sommes !

L’Agneau était un Lion, donc.

Parce que la puissance du Père était en lui. Parce que le Père et le Fils sont Uns.

Ainsi, si le Père et le Fils sont uns, et que le Fils s’est fait l’un de nous, c’est pour que nous soyons dans cette unité du Fils et du Père. C’est la raison la plus fondamentale de la venue du Fils.

Quand le Père voit son Fils, Il te voit. Il nous voit… et il nous aime.

Nous vous annonçons la vie éternelle, qui était tournée vers le Père et s’est manifestée à nous –, ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Et notre communion est communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ.

Première lettre de Jean 1,2-3

Ainsi sur notre route à la suite de l’agneau, peuvent approcher des ombres du loup déjà vaincu, des loups blancs ; des loup déguisés en berger; des brebis galeuses… heu jalouses… qui ne reconnaissent pas (encore) la voix du bon Pasteur; nous pouvons également parfois ralentir le pas. Mais nous savons, oui nous savons que le Père nous voit en voyant son Fils, et qu’il nous aime. Qu’il m’aime.

Le pasteur ? Que fait-il si nous ralentissons le pas ? Il ralentit, il vient nous chercher quand nous sommes tombés dans un ravin. Le trou était recouvert de fougères et nous ne l’avions pas vu. Il vient nous chercher.

Nous nous sommes égarés par curiosité pour des pâturages plus vert ailleurs, car on dit que l’herbe est plus verte ailleurs ? ?

Et bien ! le « beau berger, ὁ ποιμὴν ὁ καλὸς, » vient nous rechercher et nous attrape avec patience et délicatesse avec la houlette de sa miséricorde, avec sa houlette de pasteur, sa crosse épiscopale (l’épiscope est le gardien). Et nous réintroduit dans la marche du troupeau.

« Car vous étiez égarés comme des brebis, mais maintenant vous vous êtes tournés vers le berger et le gardien de vos âmes.

Première lettre de Pierre 2,25

Tout au long du chemin, comme aussi de manière plus excellente encore au bout du chemin, le bon berger nous mène auprès des eaux de la vie, pour boire, pour s’abreuver.

Ces eaux de la vie sont les évangiles comme le peignent les mosaïques romaines avec les quatre fleuves qui coule au pied de l’arbre de vie.

 Ce sont les eaux du baptême qui lavent le troupeau de ses salissures du chemin et des morsures des bêtes sauvages.

 Les eaux de la vie sont les sacrements.

Les eaux de la vie sont la charité,

l’amour du Père pour le Fils,

qui est l’amour du Père pour nous,

qui rejaillit en amour et révérence les uns pour les autres.

AMEN

Bible project – la Bible en films d’animation

Vous avez aimé la Bible en BD? Vous aimerez ces vidéo de film d’animation pour entrer dans les récits bibliques et réalisées par les équipes du « bibleproject » : https://bibleproject.com/francais/Page youtube des vidéos

Dans cet article, j’ai voulu rassembler ces vidéos par catégorie, accessible en une page.

Clés littéraires pour entrer dans la Bible

Introduction à la Bible
Les genres littéraires
Le cadre du récit
L’histoire de la Bible
Scénario et récit biblique
Schémas narratifs récurrents
Les métaphores dans la poésie
L’art dans la poésie biblique
Les personnages dans les récits

Clés thématiques

Dieu
L’image de Dieu
La sainteté
L’alliance
Fils de l’homme

Étude de mots biblique (playliste)

Présentation des livres de l’Ancien Testament

Genèse

Exode

Lévitique

Nombres

Deutéronome

Josué

Juges

Ruth

Samuel (I et II)

Rois (I et II)

Chroniques (I et II)

Esdras & Néhémie

Tobie

Judith

Esther

Livre des Martyrs d’Israël

Job

Psaumes

Proverbes

Ecclésiaste (Qohélet)

Cantique des Cantiques

Livre de la Sagesse

Ecclésiastique (Siracide)

Isaïe

Jérémie

Lamentations

Baruch

Lettre de Jérémie

Ezéchiel

Daniel

Osée

Joël

Amos

Abdias

Jonas

Michée

Nahum

Habaquq

Sophonie

Aggée

Zacharie

Malachie

Présentation d’ensembles de livre

Tanakh / Ancien Testament

Les prophètes

Nouveau Testament

Nouveau Testament

Évangile selon saint Matthieu

Évangile selon saint Marc

Évangile selon saint Luc

Évangile selon saint Jean

Actes des Apôtres

Lettre aux Romains

Lettre aux Corinthiens (I et II)

Lettre aux Galates

Lettre aux Ephésiens

Lettre aux Philippiens

Lettre aux Colossiens

Lettre aux Théssaloniciens (I et II)

Lettres à Timothée (I et II)

Lettre à Tite

Lettre à Philémon

Lettre aux Hébreux

Lettre de saint Jacques

Lettres de saint Pierre (I et II)

Lettres de saint Jean (I, II et III)

Lettre de saint Jude

Apocalypse

Guide de lecture pour la liturgie de la Parole de la Vigile Pascale

Guide réalisé le Samedi Saint 3 avril 2021, pour un office avec des lectures de la Vigile Pascale, à 15h, à la paroisse La-Croix-Saint-Pierre (Cantal). (Nous n’auront pas eu de vigile pascale cette année, mais un temps d’écoute de la Parole de Dieu.)

Cette année, nous écouterons le premier récit de création (Genèse 1,1-2,2), auquel nous répondrons par le psaume Bénis le Seigneur ô mon âme ; Seigneur mon Dieu tu es si grand (Ps 103), 2) le récit du passage de la mer des roseaux (Ex 14 15-15,1a), auquel nous répondrons par le Cantique de l’Exode (Ex 15), la déclaration d’amour et de fidélité du Dieu époux et sauveur à Jérusalem malheureuse et effrayée (Is 54,5-14), à laquelle nous répondrons par le psaume Quand j’ai crié vers toi, Seigneur, mon Dieu, tu m’as guérit (Ps 29), l’exhortation à recevoir les dons gratuit et abondant de Dieu qui s’engage envers nous par une alliance éternelle (Is 55,1-11), à laquelle nous répondrons par le Cantique d’Isaïe Voici le Dieu qui me sauve : j’ai confiance je n’ai plus de crainte (Is 12), l’invitation à se retourner vers La Sagesse, identifiée avec la Loi, laquelle « est apparue sur la terre et a vécu parmi les hommes » (Ba, 9-15.32-4,4), nous répondrons à cette invitation en chantant le psaume La Loi du Seigneur est parfaite qui redonne vie (Ps 18b). A l’issue de ces lectures de l’Ancien Testament, nous écouterons l’évangile selon saint Marc (16,1-8) qui se conclu par le silence des femmes qui allèrent au tombeau, « car elles avaient peur ».

Toutes les lectures sont disponibles sur le site aelf.org.

Pourquoi écouter ces lectures ? Une prière qui suit un des psaumes de la Vigile Pascale dit : « Seigneur notre Dieu, tu veux nous former à célébrer le mystère pascal en nous faisant écouter l’Ancien et le Nouveau Testament ; ouvre nos cœurs à l’intelligence de ta miséricorde : ainsi la conscience des grâces déjà reçues affermira en nous l’espérance des biens à venir. » Il s’agit donc d’une formation, une formation en accéléré, pas donnée par n’importe qui, par Dieu ! Une formation pour célébrer le mystère Pascal, c’est-à-dire célébrer la miséricorde de Dieu qui passe par ces évènements vécus par le peuple d’Israël, et ceux vécus par Jésus-Christ ainsi que par ses disciples. En relisant le ‘Premier Testament’, nous reprenons conscience des grâces reçues, des merveilles que Dieu a faites par le passé. La gratitude fait grandir l’espérance. Le regard vers un passé visité par Dieu « affermira en nous l’espérance » d’un futur aussi visité par Dieu. Dans le mur de la mort, Jésus-Christ a ouvert un passage ; il a pris par la main les justes qui attendaient dans les enfers et les a conduits dans le paradis. Célébrer le mystère Pascal, c’est laisser le Christ devenir notre lampe torche intérieure. Et nous pourrons à notre tour annoncer aux personnes que l’on rencontre que le Christ veut être aussi leur lampe torche intérieure. C’est ça le salut, le passage des ténèbres à la lumière, de l’Egypte à la Terre promise, de l’humiliation à la gloire, de l’orgueil à l’humilité, de la mort à la vie, de la haine au pardon, de la désobéissance à l’obéissance, d’Adam au Christ.

    49. Dans le contexte de la liturgie de ce soir, à travers ces lectures, l’Église nous amène à leur apogée avec le récit évangélique de la Résurrection du Seigneur. Nous sommes plongés dans le flux de l’histoire du salut à travers les sacrements d’initiation célébrés dans cette Veillée, comme nous le rappelle le beau passage de Paul sur le baptême.

   Les liens entre la création et la nouvelle vie en Christ sont très clairs cette nuit-là, entre l’exode historique et l’exode définitif du Mystère pascal de Jésus, auquel tous les fidèles participent par le baptême, entre les promesses des prophètes et leur réalisation dans les mystères liturgiques célébrés.

50. Les prières (ou « oraisons ») qui suivent chaque lecture aident à comprendre les liens entre les thèmes de l’Ancien Testament et leur accomplissement dans le Mystère pascal du Christ. Elles expriment, avec simplicité et clarté, le sens christologique et sacramentel profond des textes de l’Ancien Testament, puisqu’ils parlent de création, de sacrifice, d’exode, de baptême, de miséricorde de Dieu, d’alliance éternelle, de lavage du péché, de rédemption et de vie en Christ.

Directoire sur l’homilétique, n°49 et 50,
de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, 2015.

Genèse 1, 1 – 2, 2 : « Au commencement, Dieu créa… »

  Au VIème s. avant J.-C, les juifs firent l’expérience douloureuse de l’exil, ils le vécurent comme une sorte de dé-création, ainsi que l’exprime Jérémie : « J’ai regardé la terre : un chaos ; les cieux : leur lumière a disparu. » (Jr 4,31) A Babylone, entre 587 et 537, ils furent au contact des récits fondateurs mésopotamiens dont l’Enuma Elish auquel notre récit emprunte certains traits. En rentrant d’exil, après 537, le peuple fera l’expérience d’une sorte de recréation, de salut, et manifestera dans les récits de la Genèse le désir de comprendre sa propre destinée.

  La Vigile Pascale est imprégnée du thème de la lumière, car à la suite de la tradition juive nous célébrons quatre nuits : la nuit de la création où la Parole de Dieu jaillir la lumière (Gn 1), la nuit d’Abraham qui se voit lier son fils pour l’offrir « sur l’autel » (Gn 22), la nuit de la Pâque en Egypte (Ex 11,4 ;12,29) et enfin la nuit du salut eschatologique et messianique. Les lectures des prophètes (Is 54, Is 55 et Ez 36) et de la sagesse (Ba 3) nous conduise progressivement à cette quatrième nuit. « Que la lumière soit ! Et la lumière fut. »

Ps 103 (104) « Bénis le Seigneur, ô mon âme. Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! »

  Les psaumes et les cantiques sont notre réponse aux lectures écoutées, ils constituent une respiration poétique. La poésie hébraïque balance sur deux pieds, chaque expression est reformulée, amplifiée ou précisée une deuxième fois, en parallèle.

Paul Valéry disait : « Le lyrisme est le développement d’une exclamation. » Nous pouvons ainsi chercher dans chaque psaume ou cantique, quelle exclamation le psalmiste nous invite à faire nôtre.

Dans ce psaume, quelle image nous touchera ? La lumière comme un manteau que revêt le Seigneur, les images champêtres, le désir de bénir et de louer le Seigneur ?

Exode 14, 15 – 15, 1a : « En ces jours-là, le Seigneur dit à Moïse… »

La troisième nuit est celle du passage de l’esclavage en Egypte à la liberté ; acculés à la mer des roseaux, Moïse doit faire confiance, le miracle est possible. Devant nos impasses, nous devons nous aussi faire confiance. Le texte que nous écoutons nous offre deux récits différents, enchevêtrés : le premier décrit l’assèchement de la mer, les Egyptiens si embourbent puis se noient, les Israelites eux n’ont pas bougés et découvre au matin la puissance de Dieu. Le second récit décrit le miracle comme une séparation des eaux à travers lesquelles Israël passe à pied sec, les Egyptiens se retrouveront submergés ensuite. A la base, il y a un fait historique, celui-ci est relu et approfondi pour en lire un message théologique et existentiel.

Qu’est-ce que cela me dit sur Dieu et sur moi-même ? Les hébreux passent de la peur à la crainte respectueuse de Dieu, passe de l’angoisse de la mort à la confiance renouvelée en leur Dieu et leur guide, Moïse. Les disciples de Jésus passeront de la peur à l’audace de l’Evangile. Et nous ?

Cantique de l’Exode (Ex 15)

La Bible elle-même nous montre ici une alternance entre le récit et la réponse poétique du peuple. Nous enchaînons ce cantique sans finir la lecture précédente par « Parole du Seigneur », à la suite des Juifs qui, d’âges en âges, ont chanté ce chant d’exultation et d’espérance – « Le Seigneur règnera pour toujours ». L’action du Seigneur est décrite à travers la métaphore guerrière courante dans la Bible. Le Seigneur accompagne son peuple et le sauve de ses ennemis. Jésus-Christ est l’Emmanuel, « Dieu-avec-nous » et nous sauve de nos ennemis, les démons et la mort.

Isaïe 54, 5-14 : « Parole du Seigneur adressée à Jérusalem… »

Il y a beaucoup de déclarations d’amour de Dieu à son peuple dans la Bible. Goûtons à ces mots : « Ton époux, c’est Celui qui t’a faite, son nom est « Le Seigneur de l’univers ». […] Dans mon éternelle fidélité, je te montre ma tendresse. » Ce texte prophétique écrit probablement après le retour à Jérusalem après l’exil à Babylone (après 537), outre la mention du déluge, emploie la métaphore sponsale, de l’époux et de l’épouse, et la métaphore de la ville, ville qui désigne tout le peuple. Ce lien entre la ville de Jérusalem et le Dieu d’Israël est nourri par un genre littéraire du proche orient ancien polythéiste :  chaque ville avait sa divinité protectrice ; et lorsque les dieux décidaient de détruire une ville, croyait-on, ils emportaient la divinité protectrice au loin, pleurant, se lamentant ; la ville abandonnée pouvait être ainsi détruite. (cf. Lm 5, 20) Seul le retour de la divinité permettait la reconstruction.

Psaume 29 (30) Quand j’ai crié vers toi, Seigneur, mon Dieu, tu m’as guéri.

Au prophète qui dit « Quand ma colère a débordé, un instant je t’avais caché ma face » (Is 54,8), le psalmiste répond : Sa colère ne dure qu’un instant, sa bonté toute la vie ». Il y a, dans la Bible, disproportion entre la colère momentanée et la grâce éternelle. Le psalmiste, qui fait l’expérience de la souffrance, en constate le caractère limité et transitoire respectivement à la joie forte du salut.

Isaïe 55, 1-11 : « Ainsi parle le Seigneur : Vous tous qui avez soif… »

Le thème de l’eau, de l’alliance et de la Parole de Dieu sont centraux dans ce passage. La liturgie nous invite à voir en Jésus la source d’eau vive qui nous renouvelle et nous abreuve par le sacrement du baptême ; Jésus est le médiateur d’une alliance éternelle ; Jésus est La Parole qui « ne reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. » La mission du Seigneur : nous sauver, et rétablir la ressemblance entre l’homme et son créateur.

Cantique d’Isaïe 12

Ce cantique exprime précisément ce que nous sommes en train de vivre : « Annoncez parmi les peuples ses hauts faits ! […] Jubilez, criez de joie, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël »

Baruc 3, 9-15. 32 – 4, 4 : « Écoute, Israël, les commandements de vie… »

Nous écoutons à présent un livre qui fait partie de la Bible catholique, un livre dit « deutéro-canonique », écrit au IIème s. av. J.-C. Baruch place son récit au temps de l’exil à Babylone, et son but est d’aider les Juifs de la diaspora à vivre pleinement leur foi sans s’éloigner de la Loi (la Torah). L’abandon de la Loi, la désobéissance à Dieu provoque, selon l’auteur, la situation dramatique qu’ils vivent. Jésus est Sagesse de Dieu, lumière et vie de l’humanité, demandons-Lui de nous aider à nous conformer à son humilité et à son amour.

Psaume 18b (19) « La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie »

Le psalmiste fait l’éloge de la Loi qui est « plus désirable que l’or, qu’une masse d’or fin, plus savoureuses que le miel qui coule des rayons. » Il nous invite à passer d’une compréhension intellectuelle de la Loi à une expérience sensitive. De même que l’on « goûte » la Parole de Dieu.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (16,1-8)

Le chapitre final de l’évangile selon Marc, disciple proche de saint Pierre lors de sa période à Rome, comprend deux parties, une attribuée à Marc (16,1-8) et la seconde (16,9-20) ajoutée dans un second temps. La finale de Marc se terminait en effet par la stupeur et la peur des femmes qui se rendirent au tombeau. La seconde partie s’inspire clairement des autres évangiles qui ne laissent pas l’auditeur sur sa faim. Marc ne cache pas la difficulté qu’ont eut les disciples à la découverte du tombeau vide. Nous-mêmes avons parfois du mal à faire confiance, à croire, à espérer. Pourtant, le tombeau est vraiment vide. Le Seigneur est vivant. Dans la nuit, une lumière s’est levée.

Bibliographie

Ska, J.-L., «Genèse 1-11 : un texte sacerdotal et ses compléments.», dans M. Gilbert – J.L. Ska, Le chantier du Pentateuque, Bruxelles 2016, 29-53.

Sonnet, J., La Bibbia si apre a Pasqua. Il lezionario sulla Veglia pasquale: storia, esegesi, liturgia, Cinisello Balsamo; Roma 1 février 2016.

Ab Paul

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